Comment reconnaître une entreprise en difficulté
Par Thierry Goemans le mardi, 16 décembre 2014, 07:29 - Gestion - entreprise agile - Lien permanent

Comment identifier ceux de vos clients, vos fournisseurs ou vos partenaires qui présentent un risque en raison des difficultés qu’ils rencontrent ? L’information financière est une donnée stratégique pour votre entreprise. Voici 7 critères à prendre en compte pour établir un diagnostic concernant la santé d’une entreprise.
Identifier les points faibles pour éviter la contagion ?
Prendre régulièrement le pouls de vos partenaires économiques est indispensable pour éclairer vos choix de gestion stratégique. Il est question de stratégie d'entreprise, pour éviter d'être être pris de court par une défaillance. Les symptômes classiques que nous allons décrire ici sont des signaux d’alertes que l'on rencontre dans les entreprises en difficulté.
Evidement, dans l’économie d’aujourd’hui, rares sont les entreprises qui ne souffrent d’aucun mal. L’auscultation méthodique, le constat d’un ou plusieurs signaux d’alerte doit permettre d’adapter un contrat, de prendre des garanties ou d’anticiper une rupture inévitable. On est encore dans le préventif : on évalue un risque, on demande des informations approfondies et on prend des mesures de protection, pour éviter d’être contaminé par les problèmes d’autrui. Bref, l’information financière permet la gestion des risques… ou de prendre ses jambes à son cou.
1. L’analyse des comptes sociaux annuels
L’examen des grandes masses du bilan est assez facile à interpréter. En tout cas, on peut se former en quelques heures à savoir lire une liasse fiscale.
L’entreprise est-elle endettée ? Comment utilise-t-elle les crédits qui lui ont été accordés ? Ses machines sont-elles anciennes et non renouvelées ? Les stocks, les créances clients, les dettes fournisseurs atteignent-elles un montant inhabituel pour le secteur d’activité ? La trésorerie est-elle suffisante pour financer le cycle d’exploitation ? Quels sont les résultats de l’année et ceux des exercices précédents, bénéfice ou pertes ? L’entreprise dispose-t-elle de fonds propres en suffisance ?
Voilà quelques exemples des questions fondamentales auxquelles on peut répondre en examinant seulement le bilan d’une entreprise. Bien d’autres enseignements apparaissent dans ce document de synthèse. Les analystes financiers et les banquiers calculent un certain nombre de ratios qui leur permettent d’évaluer les sociétés. Vous pouvez très bien procéder comme eux en ce qui concerne les entreprises qui vous intéressent. Il s’agit de comparer les grandes masses d’un bilan, d’une année sur l’autre et par rapport aux normes habituelles de l’activité.
2. La qualité des prestations fournies
Cela va sans dire mais si la qualité des prestations ou livraisons effectuées par une entreprise baisse durablement, il y a un problème. De l’extérieur, ce n’est pas évident de comprendre ce qui se passe, d’autant que les dirigeants de l’entreprise concernée s’emploieront logiquement à minimiser les difficultés qu’ils rencontrent. Peut-être même qu’ils n’ont pas encore pris la mesure de l’insatisfaction grandissante de la clientèle. Si vous comptez sur eux, rendez leur service. Allez au fond du sujet.
3. Le plan de trésorerie
L’impossibilité de démontrer que l’entreprise disposera, à court et moyen terme de la trésorerie nécessaire pour financer son activité nuit à la crédibilité de l'entrepreneur.
Par exemple, si vous entendez passer commande à une entreprise, vous voudrez-vous assurer que votre fournisseur va avoir les moyens de mener votre commande à son terme. Imaginons que vous sélectionnez un prestataire pour faire votre site internet de e-commerce. Non seulement vous devez-vous assurer que l’agence va assurer la gestion du projet depuis le brief. jusqu’à la mise en ligne, mais aussi vous rassurer sur la pérennité de cette société, qui va assurer la maintenance et garantir le fonctionnement du site, qui est au cœur de votre dispositif commercial.
Trop d’entrepreneurs gèrent la trésorerie « à la petite semaine ». Celui qui met en place un suivi de trésorerie, et est transparent à ce sujet, gagne plus facilement la confiance. Il démontre que son modèle économique « produit du cash ».
Le plan de trésorerie n’est pas si compliqué à réaliser, en partant des dépenses fixes et connues d’avance et en corrigeant ensuite les chiffres sur la base des recettes et dépenses dont le volume dépend de l’exploitation. Ici encore, un tableau Excel peut suffire. La mise à jour d’un prévisionnel de trésorerie relève d’une méthode, pas d’une boule de cristal. , On peut gagner du temps en suivant une formation ou en demandant l’aide ponctuelle d’un consultant. Ensuite, au plus on fait l'exercice de prévision, au plus on devient précis.
4. Le moral des équipes
Une mauvaise ambiance avérée est toujours l’indicateur de problèmes non-résolus dans une entreprise.
Le personnel est le premier contributeur du bouche-à-oreille qui fait la réputation d’une affaire. Des livreurs qui râlent, des collaborateurs qui se plaignent, à l’extérieur, de leurs conditions de travail ou carrément la mise en cause publique des dirigeants ; la rumeur enfle. Vous ne pouvez l’ignorez lorsque vous auscultez une entreprise pour savoir si elle mérite votre confiance. Votre devoir, si vous prévoyez de travailler avec une entreprise, c’est de vous renseigner auprès de votre réseau de confiance pour objectiver, autant que possible, les « on-dit ».
Toutefois, il faut rester prudent dans l’interprétation de ce signal tant les causes de la grogne peuvent être diverses et combinées ; parmi celles-ci on peut imaginer :
Un exemple : lorsque l’entreprise décide « serrer » trop souvent ses prix de ventes, pour conquérir des marchés, elle risque de ne plus couvrir ses frais, et donc d’enregistrer des pertes. Au regard du modèle économique d’une entreprise, il convient de s’interroger sur le positionnement commercial de celle-ci.
En phase d’amorçage, on peut considérer qu’il est normal de vouloir inonder le marché en pratiquant des tarifs agressifs. Ensuite, la question de la rentabilité se pose toujours.
Allez-vous contracter avec une entreprise « qui fait un coup » en cassant les prix, sans tenir compte de l’impossibilité de maintenir la qualité à ce niveau tarifaire, sur le long terme? Ou bien fuirez-vous ce type de partenaire pour vous tourner vers un fournisseur dont l’analyse prouve qu’il est certes plus cher mais constant dans la qualité des produits et services?
Avant de conclure un contrat important, votre étude financière doit vous conduire à bien connaître les coûts auxquels votre partenaire potentiel va faire face pour honorer votre commande, ainsi que sa stratégie de production (interne ou sous-traitance, France ou étranger).
En outre, une bonne connaissance de la décomposition du coût de ce que vous prévoyez d’acheter sera un élément déterminant dans la négociation du « juste prix ».
6. La communication
Comment l’entreprise objet de votre étude communique-t-elle? Prend-t-elle des postures au gré des circonstances ou bien est-elle réputée pour la cohérence entre sa communication et sa situation réelle? Tout le monde se veut partenaire : la banque avec ses clients professionnels, les sous-traitants avec leurs donneurs d’ordres, les fournisseurs en veine de fidélisation, etc.
Au temps de la séduction, quand tout va bien, on promet de tout se dire. Une fois les contrats signés, tout le monde rentre chez soi, et l’argent va et vient (et quand ça vient, ça va bien). L’entrepreneur ou l’entreprise qui offre loyalement et régulièrement un reporting à ses partenaires s’offre un surplus de crédibilité. C’est aussi une preuve de sérieux que de permettre aux autres d’anticiper une difficulté qui fera de toute façon boule de neige, en demandant, par exemple, de modifier un planning de production ou un échéancier de paiement.
Pour la confiance, c’est tellement mieux d’apprendre les mauvaises nouvelles directement que de nourrir des doutes ou de recueillir des ragots alarmants « par la bande ».
Evaluez aussi la qualité de la communication interne : une bonne communication au sein même d'une société permet d’harmoniser les messages transmis explicitement à l’extérieur, et donc d'éviter que tout et n'importe quoi soit exprimé au dehors (voir point 4 ci dessus).
Il ne doit pas résister à votre analyse que les partenaires en affaire sont toujours débiteurs et créanciers des uns et des autres. Ce sont toujours des mariages d’argent et, à notre époque l’institution du mariage a du plomb dans l’aile.
7. Les procédures internes
Même les petites entreprises doivent s’appuyer sur des échanges de flux d’informations fiables. Quand ceux-ci sont défaillants, par exemple parce que chacun travaille dans son coin, au mépris du travail collaboratif, le mécanisme de l’entreprise se grippe. L’efficacité globale s’en ressentira, puisque l’entreprise est un système complexe.
Interrogez-vous toujours sur les systèmes d'informations et les tous les autres éléments qui assurent la qualité et la sécurité d'une organisation, si modeste soit-elle, dès lors qu'elle est importante dans votre stratégie d'entreprise.

L’examen des grandes masses du bilan est assez facile à interpréter. En tout cas, on peut se former en quelques heures à savoir lire une liasse fiscale.
L’entreprise est-elle endettée ? Comment utilise-t-elle les crédits qui lui ont été accordés ? Ses machines sont-elles anciennes et non renouvelées ? Les stocks, les créances clients, les dettes fournisseurs atteignent-elles un montant inhabituel pour le secteur d’activité ? La trésorerie est-elle suffisante pour financer le cycle d’exploitation ? Quels sont les résultats de l’année et ceux des exercices précédents, bénéfice ou pertes ? L’entreprise dispose-t-elle de fonds propres en suffisance ?
Voilà quelques exemples des questions fondamentales auxquelles on peut répondre en examinant seulement le bilan d’une entreprise. Bien d’autres enseignements apparaissent dans ce document de synthèse. Les analystes financiers et les banquiers calculent un certain nombre de ratios qui leur permettent d’évaluer les sociétés. Vous pouvez très bien procéder comme eux en ce qui concerne les entreprises qui vous intéressent. Il s’agit de comparer les grandes masses d’un bilan, d’une année sur l’autre et par rapport aux normes habituelles de l’activité.
2. La qualité des prestations fournies
Cela va sans dire mais si la qualité des prestations ou livraisons effectuées par une entreprise baisse durablement, il y a un problème. De l’extérieur, ce n’est pas évident de comprendre ce qui se passe, d’autant que les dirigeants de l’entreprise concernée s’emploieront logiquement à minimiser les difficultés qu’ils rencontrent. Peut-être même qu’ils n’ont pas encore pris la mesure de l’insatisfaction grandissante de la clientèle. Si vous comptez sur eux, rendez leur service. Allez au fond du sujet.
3. Le plan de trésorerie
L’impossibilité de démontrer que l’entreprise disposera, à court et moyen terme de la trésorerie nécessaire pour financer son activité nuit à la crédibilité de l'entrepreneur.
Par exemple, si vous entendez passer commande à une entreprise, vous voudrez-vous assurer que votre fournisseur va avoir les moyens de mener votre commande à son terme. Imaginons que vous sélectionnez un prestataire pour faire votre site internet de e-commerce. Non seulement vous devez-vous assurer que l’agence va assurer la gestion du projet depuis le brief. jusqu’à la mise en ligne, mais aussi vous rassurer sur la pérennité de cette société, qui va assurer la maintenance et garantir le fonctionnement du site, qui est au cœur de votre dispositif commercial.
Trop d’entrepreneurs gèrent la trésorerie « à la petite semaine ». Celui qui met en place un suivi de trésorerie, et est transparent à ce sujet, gagne plus facilement la confiance. Il démontre que son modèle économique « produit du cash ».
Le plan de trésorerie n’est pas si compliqué à réaliser, en partant des dépenses fixes et connues d’avance et en corrigeant ensuite les chiffres sur la base des recettes et dépenses dont le volume dépend de l’exploitation. Ici encore, un tableau Excel peut suffire. La mise à jour d’un prévisionnel de trésorerie relève d’une méthode, pas d’une boule de cristal. , On peut gagner du temps en suivant une formation ou en demandant l’aide ponctuelle d’un consultant. Ensuite, au plus on fait l'exercice de prévision, au plus on devient précis.
4. Le moral des équipes
Une mauvaise ambiance avérée est toujours l’indicateur de problèmes non-résolus dans une entreprise.
Le personnel est le premier contributeur du bouche-à-oreille qui fait la réputation d’une affaire. Des livreurs qui râlent, des collaborateurs qui se plaignent, à l’extérieur, de leurs conditions de travail ou carrément la mise en cause publique des dirigeants ; la rumeur enfle. Vous ne pouvez l’ignorez lorsque vous auscultez une entreprise pour savoir si elle mérite votre confiance. Votre devoir, si vous prévoyez de travailler avec une entreprise, c’est de vous renseigner auprès de votre réseau de confiance pour objectiver, autant que possible, les « on-dit ».
Toutefois, il faut rester prudent dans l’interprétation de ce signal tant les causes de la grogne peuvent être diverses et combinées ; parmi celles-ci on peut imaginer :
- Incertitude économique (manque de commandes, craintes de restructurations, …)
- Crise managériale (divergences de vues entre associés et/ou dirigeants, maladie d'un Homme-clé, ...)
- Loup dans la bergerie (management autocratique ou collaborateurs ingérables)
- …
Un exemple : lorsque l’entreprise décide « serrer » trop souvent ses prix de ventes, pour conquérir des marchés, elle risque de ne plus couvrir ses frais, et donc d’enregistrer des pertes. Au regard du modèle économique d’une entreprise, il convient de s’interroger sur le positionnement commercial de celle-ci.
En phase d’amorçage, on peut considérer qu’il est normal de vouloir inonder le marché en pratiquant des tarifs agressifs. Ensuite, la question de la rentabilité se pose toujours.
Allez-vous contracter avec une entreprise « qui fait un coup » en cassant les prix, sans tenir compte de l’impossibilité de maintenir la qualité à ce niveau tarifaire, sur le long terme? Ou bien fuirez-vous ce type de partenaire pour vous tourner vers un fournisseur dont l’analyse prouve qu’il est certes plus cher mais constant dans la qualité des produits et services?
Avant de conclure un contrat important, votre étude financière doit vous conduire à bien connaître les coûts auxquels votre partenaire potentiel va faire face pour honorer votre commande, ainsi que sa stratégie de production (interne ou sous-traitance, France ou étranger).
En outre, une bonne connaissance de la décomposition du coût de ce que vous prévoyez d’acheter sera un élément déterminant dans la négociation du « juste prix ».
6. La communication
Comment l’entreprise objet de votre étude communique-t-elle? Prend-t-elle des postures au gré des circonstances ou bien est-elle réputée pour la cohérence entre sa communication et sa situation réelle? Tout le monde se veut partenaire : la banque avec ses clients professionnels, les sous-traitants avec leurs donneurs d’ordres, les fournisseurs en veine de fidélisation, etc.
Au temps de la séduction, quand tout va bien, on promet de tout se dire. Une fois les contrats signés, tout le monde rentre chez soi, et l’argent va et vient (et quand ça vient, ça va bien). L’entrepreneur ou l’entreprise qui offre loyalement et régulièrement un reporting à ses partenaires s’offre un surplus de crédibilité. C’est aussi une preuve de sérieux que de permettre aux autres d’anticiper une difficulté qui fera de toute façon boule de neige, en demandant, par exemple, de modifier un planning de production ou un échéancier de paiement.
Pour la confiance, c’est tellement mieux d’apprendre les mauvaises nouvelles directement que de nourrir des doutes ou de recueillir des ragots alarmants « par la bande ».
Evaluez aussi la qualité de la communication interne : une bonne communication au sein même d'une société permet d’harmoniser les messages transmis explicitement à l’extérieur, et donc d'éviter que tout et n'importe quoi soit exprimé au dehors (voir point 4 ci dessus).
Il ne doit pas résister à votre analyse que les partenaires en affaire sont toujours débiteurs et créanciers des uns et des autres. Ce sont toujours des mariages d’argent et, à notre époque l’institution du mariage a du plomb dans l’aile.
7. Les procédures internes
Même les petites entreprises doivent s’appuyer sur des échanges de flux d’informations fiables. Quand ceux-ci sont défaillants, par exemple parce que chacun travaille dans son coin, au mépris du travail collaboratif, le mécanisme de l’entreprise se grippe. L’efficacité globale s’en ressentira, puisque l’entreprise est un système complexe.
Interrogez-vous toujours sur les systèmes d'informations et les tous les autres éléments qui assurent la qualité et la sécurité d'une organisation, si modeste soit-elle, dès lors qu'elle est importante dans votre stratégie d'entreprise.

Voilà quelques critères importants à prendre en compte, avant de s'engager en affaires. Bien sûr quelques uns des critères évoqués ont leur part de subjectivité. Mais, on le répète, il s'agit d'objectiver un maximum d'information pour adopter une stratégie de gestion des risques.