Thierry Goemans est consultant et formateur indépendant en gestion des organisations; il dirige Adjuvamus et Formation-Compta-Tout-pour-Entreprendre.

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

Commissariat de police : Terminus !

Je revenais mercredi de la soirée réseau mensuelle Interfrench ou se croisent entrepreneurs et porteurs de projets pour échanger les bons tuyaux. J'avais sur moi mes cartes de visites mais pas de portefeuille : oublié de le transférer d'une veste à l'autre. La soirée est un succès d'affluence et j'ai a peine le temps d'approcher le buffet. Il est donc près de minuit lorsque je retrouve "mon RER A", direction mes pénates.

Une chance me dis-je, je n'ai pas de portefeuille mais mon stock de tickets RATP est resté sur moi.

C'est arrivé à La Défense que le destin de ma soirée bascule : le RER n'ira pas plus loin, il y des travaux. Confiant, je remonte en surface pour prendre un bus. La SNCF met toujours des navettes en place en pareil cas. Arrivé à la gare routière, je déchante : anormalement peu de monde, peu de traffic. Lorsqu'un bus enfin s'arrête, le machiniste m'indique qu'il n'y aura plus de bus pour Maisons-Laffitte et m'invite à monter avec lui, il va à Sartrouville, un moindre mal pour mes pieds.

Affamé et fatigué, je monte dans ce bus, trop heureux que le conducteur ne m'ait pas laissé attendre un transport qui n'arrivera plus et je me plonge dans ma lecture. Malheur à moi! Une équipe de contrôleurs en civils, calibre Mouss Diouf monte et contrôle les billets. En tendant le mien, j'explique au machiniste que je suis sorti sans papiers. Il me faut en effet normalement exhiber une carte de réduction, en cas de contrôle. Faisant peu de cas de ma sincérité, môssieur le contrôleur m'explique que je lui tend un billet de RER, non valable dans le bus. J'aurai beau lui expliquer gentiment l'enchaînement de circonstances qui m'accablent, les travaux sur les voies, le fait que je ne prenne jamais le bus (vrai) et que j'ignorais donc qu'il fallait un ticket dédié, en appeler à sa clémence : "vous voyez, j'ai des tickets, je rentre du boulot, je n'ai pas le profil du fraudeur, ça a du vous arriver d'oublier votre portefeuille, etc ... rien n'y fit".

"On est pas là pour faire du commercial"m'entends-je rétorquer, nous c'est la lutte contre la fraude : vous n'avez pas de titre de transport en règle, regardez dans votre cartable si vous avez un document prouvant votre identité". J'avais mes cartes de visites, ça n'a pas suffit : pas de photo pas de preuve. D'ailleurs reprend l'hercule, "on n'a pas gardé les cochons ensemble (sic) et je n'ai pas à vous écouter, nous ce sont les billets ...."

Poursuivant sa logique, mon nouvel ami ferra s'arrêter le bus au commissariat de Bezons, ou je serai fort convenablement traité, il faut le dire, par le personnel de police, (le lieu, lui est glauque : l'anti-chambre des cellules de garde à vue ou l'on me priera aimablement de m'asseoir sur un banc d'ou dépassent des anneaux censés recevoir "les pinces").

J'aurai à subir un interrogatoire : "non je n'ai pas de papiers,... oubliés dans la poche droite de mon anorak" (il me fouilleront et fouilleront mes affaires, n'ouvrant cependant pas le dossier d'un client que j'emportais). En fait, je vois bien que mes policiers jouent leur jeu pour la forme. "Non, je n'ai pas de permis, de conduire français, non je n'ai pas de voiture immatriculée à mon nom, oui je suis né à Bruxelles, oui quelqu'un peut venir attester de mon identité en déans les 4 heures".

Une demi heure plus tard, on me priera de sortir et je retrouve mon contrôleur guoguenard, qui me tends un feuillet d'amende RATP : 78 euros. Son dernier cadeau : il indique à l'officier de police qui s'est dérangé pour me voir qu'un bus va bientôt passer. En fait, il est payé pour le savoir, il n'y en aura plus et me voilà dans la rue, dans un quartier qui m'est totalement inconnu. Un comble, je m'imagine agressé et délesté de mon ordinateur portable, obligé de faire appel à mon tour à la police.

L'affaire se terminera à 2h30 du matin, heure à laquelle ma chère et tendre viendra me récupérer en voiture après que j'aie réussi à m'orienter.

Mon regret, à part les 78 euros : ne pas avoir eu la présence d'esprit de photographier, sur mon téléphone, la salle blaffarde ou une paire de mocassins sagement rangés attendait son propriétaire, lequel décantait en cellule de dégrisement : c'était La top photo pour illustrer ce post, pas vrai?

Il y a des jours comme ça ...

Commentaires

1. Le dimanche, 17 mai 2009, 18:37 par Stéphanie

Cher Thierry,
Je découvre ton blog, et moi qui suis une habituée des plans galères entre trains et banlieues, je suis stupéfaite par ton expérience, que je trouve - sans vouloir t'offenser, particulièrement humiliante. Je suis atterée par ce que "l'ordre" est susceptible de faire, et j'aimerais bien savoir où ces sbires de la droiture sont quand ça dérape sérieusement entre passagers...
Dingue cette histoire !!!

2. Le mercredi, 20 mai 2009, 17:55 par Thierry Goemans

Et, Stéphanie, il y a beaucoup de choses que j'ai passé sous silence, concernant cette histoire, puisqu'on ne peut pas toujours tout écrire... Comment dire ... j'étais très très visible, à cette heure-là, en costume trois pièce et attaché-case, dans un bus de banlieue un peu chaude.